Le coronavirus a-t-il fait des déchets plastiques des déchets résiduels ?

2020 aurait dû être une année décisive pour le recyclage des plastiques en Belgique. Les trois gouvernements régionaux de notre pays et les ministres compétents avaient affiché des ambitions claires dans leur plan politique pour la prochaine législature. Puis arriva le coronavirus.

Dire que la crise du coronavirus a eu un impact considérable sur la vie quotidienne dans le monde entier revient à enfoncer une porte ouverte. Aux quatre coins de la planète, les habitants ont été priés de rester chez eux. Les entreprises des secteurs non essentiels ont fermé leurs portes ou ont ralenti leur activité. La vie a été immobilisée en grande partie, entrainant de nombreuses conséquences économiques.

Un prix du pétrole historiquement bas

L'une de ces conséquences se retrouve dans le prix historiquement bas du pétrole. Les mesures internationales du confinement ont eu un impact conséquent sur la demande de pétrole (moins de voitures et de camions sur les routes, moins d'avions dans les airs, moins de chauffage pour les bâtiments). Les prix du pétrole, par conséquent, se sont effondrés.

Puisque le pétrole brut est l'ingrédient de base des plastiques, la fluctuation des prix du pétrole a un impact direct sur le prix des plastiques vierges. La chute des prix du pétrole observée ces derniers mois a fait considérablement baisser le prix des nouveaux plastiques (vierges). Si cette tendance s’était déjà profilée avant la crise du coronavirus, elle a été exacerbée par la stagnation de l'activité industrielle.

Une lutte inégale

L'effondrement des prix du pétrole ne permet plus aux plastiques recyclés de rivaliser avec les nouveaux polymères, le prix des plastiques recyclés étant relativement stable. Ce dernier est déterminé par les coûts de collecte, de tri et de recyclage des déchets plastiques, et ces coûts sont actuellement plus élevés que le prix des nouvelles matières premières.

Le prix étant toujours un argument important pour les producteurs de plastique, l'évolution des prix du pétrole a un impact immédiat sur les débouchés de matériaux recyclés. 
Par ailleurs, rien ne semble indiquer que les prix du pétrole se redresseront rapidement. Pour l’heure, l’offre en pétrole est toujours plusieurs fois supérieure à la demande. Nous constatons en outre que les entreprises de production, en mode survie, redémarrent et font primer les intérêts économiques sur les critères de durabilité. Par conséquent, les stocks de nouveaux plastiques risquent fortement d'inonder le marché, ce qui se révélerait fatal pour les entreprises de recyclage des plastiques dans tous les domaines : emballage, construction, automobile...

Des mesures transitoires nécessaires

Il y a désormais lieu de se demander : pouvons-nous encore inverser cette évolution ? Pouvons-nous éviter que le coronavirus ne mette un terme à nos ambitions en matière de recyclage des plastiques ?

La réponse est oui. 

Le secteur du recyclage demande à toutes les parties concernées de se joindre à lui pour accroître l'utilisation de matériaux recyclés. 

Nous demandons aux entreprises d’afficher ostensiblement leur engagement en faveur d'une économie durable en optant résolument pour les plastiques recyclés. Si cela s'avère "techniquement" impossible, nous sommes toujours ouverts au dialogue afin de trouver des solutions ensemble.

Nous tendons également la main aux organismes de gestion. Ensemble, nous pouvons mettre en place des projets visant à promouvoir la diffusion des matériaux recyclés. En trouvant de nouvelles possibilités d'application par exemple, comme nous l'avons fait avec Valipac pour la réutilisation des films d'emballage dans la production de nouveaux emballages de transport. 

Enfin, nous demandons à nos décideurs politiques de se joindre à nous pour booster la demande de matériaux recyclés. Mais comment ?

En obligeant les entreprises à inclure des matériaux recyclés dans leurs produits. L'Europe a déjà donné l’exemple à cet égard avec la directive sur les plastiques à usage unique. Elle y contraint les producteurs d'emballages à incorporer une quantité minimale de plastique recyclé dans leurs produits, à l'augmenter progressivement et l'étendre à différents types de plastiques entre 2025 et 2030. Cette approche progressive, nous pourrions également l’appliquer dans notre pays, pour que toutes les parties puissent s'adapter de manière systématique.

Une autre mesure consiste à éliminer l'inégalité de prix entre les matériaux recyclés et les nouveaux plastiques (vierges), en incluant par exemple l'aspect environnemental dans la fixation du prix des nouveaux plastiques. 

Le recours à des mesures de soutien financier peut également créer une plus-value pour l'utilisation de plastiques recyclés. Cela peut s’opérer commercialement ou fiscalement, ou en étendant l'exonération des contributions pour l'énergie verte au secteur du recyclage et de la gestion des déchets.

Ces mesures permettront de stimuler la demande de plastiques recyclés et de créer un marché plus stable, rendant le recyclage des plastiques plus attractif. Cela générera à son tour de nouveaux investissements dans des capacités de recyclage supplémentaires et de l’emploi, et  nous permettra de concrétiser notre ambition de jouer un rôle proéminent dans l'économie circulaire !
Chez Denuo, nous souhaitons y travailler, pour que les plastiques que nous utilisons aujourd'hui puissent trouver leur place sur le marché demain.

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