Cas Alfamet : Les matériaux changent, le recyclage reste

La flexibilité est un thème récurrent dans l'histoire de l'entreprise de recyclage Alfamet. Cette entreprise familiale de près de 90 ans a d'abord été une entreprise de chiffonniers, mais dans les années 1970, elle a complètement changé de cap. La famille De Saedeleir échangeait des chiffons contre de la ferraille, ce qui explique aussi le nom actuel. Le marché de la ferraille étant de plus en plus saturé, Alfamet s'est concentré au début des années 2000 sur la collecte et le broyage de différents types de pneus en caoutchouc. Mais ce marché aussi est actuellement en difficulté en raison de la surréglementation de grande ampleur en Belgique.

La famille De Saedeleir a fait ses premiers pas dans le secteur belge des déchets et du recyclage en 1932. "Mes ancêtres sortaient avec la charrette à chiens pour ramasser les vieux chiffons", raconte Pieter De Saedeleir. 

Entre-temps, la charrette à chiens d'antan a été remplacée par cinq camions et des dizaines de machines, et on ne trouve plus de chiffons sur le site de la zone industrielle de Hoogveld, à Dendermonde. L'entreprise familiale est aujourd'hui principalement connue pour son traitement de la ferraille et du caoutchouc. Deux activités qui ont beaucoup en commun.

Ferraille et pneus : une bonne synergie

"Dans les années 1970, nous avons commencé à nous concentrer davantage sur la ferraille. A partir de ce moment-là, nous avons collecté toutes sortes de fer, nous l'avons coupé et trié, puis nous l'avons redistribué pour la production de fer neuf", explique M. De Saedeleir. Au fil des ans, le fer a été remplacé dans de nombreuses applications par des matériaux plus légers, comme le plastique. Les constructions et les machines ont été allégées. Le résultat ? Le marché commençant à saturer, la famille s'est mise à la recherche d'autres activités qui s'intégreraient bien à leur activité de ferraille.

"Nous avons fini par collecter et broyer des pneus en caoutchouc", ajoute De Saedeleir. Il ne s'agit pas seulement de pneus de voiture, mais aussi de bandes transporteuses, d'ailes, de chambres à air, etc. "Pour les pneus, nous utilisons presque les mêmes machines que pour nos activités de ferraille. En outre, il y a souvent des jantes attachées aux pneus, que nous pouvons ensuite traiter avec les autres déchets métalliques. Une combinaison parfaite, en d'autres termes."

Réduction de l'offre de pneus usagés

Mais le mariage parfait commence à montrer des fissures. Et cela est principalement dû aux nombreuses difficultés du marché des pneus usagés. "Il y a d'abord eu la suppression des subventions pour les pneus d'ensilage, des pneus que les agriculteurs utilisent pour couvrir les fosses d'alimentation. Cette subvention encourageait les exploitations à livrer leurs pneus d'ensilage à un collecteur/transformateur agréé. En effet, sous l'influence des éléments météorologiques, les pneus se dégradent et les différents composants finissent dans la nature." Lorsque les subventions ont disparu fin 2018, les agriculteurs n'ont plus été incités à remettre les pneus de silo. Résultat : Alfamet a vu son tonnage total de pneus usagés diminuer soudainement d'environ 15 %. En outre, ces 15 % de pneus continuent aujourd'hui à se dégrader chez les nombreux agriculteurs qui les utilisent.

Demande de marché libre et de transparence

En outre, le marché belge est fortement réglementé. L'organisme de gestion Recytyre impose des règles strictes et restreint (métaphoriquement) le marché libre. Selon eux, les différents acteurs du marché, comme Alfamet, n'ont qu'un rôle de sous-traitant. Le résultat est que toute incitation à l'innovation et à la différenciation est complètement éliminée.

Dans sa nouvelle vision, Recytyre veut pousser ce règlement encore plus loin en travaillant par le biais d'un appel d'offres public pour tous les pneus. Un système dans lequel une partie détermine le marché par le biais d'appels d'offres réduit la flexibilité et le pouvoir de négociation de tous les acteurs du marché. Le résultat est qu'il n'y a pratiquement aucun intérêt à investir dans le recyclage des pneus en Belgique.

"Aux Pays-Bas, seuls les pneus des voitures particulières sont inclus dans un tel système. En Allemagne et au Luxembourg, le marché est laissé totalement libre, sans aucun problème digne d'être mentionné. Nous ne comprenons donc pas pourquoi Recytyre veut réglementer si durement le marché en Belgique", explique De Saedeleir.

Alfamet est pessimiste quant à son avenir dans le secteur des pneus usagés. De Saedeleir : "Notre force réside dans la synergie entre nos activités liées à la ferraille et au caoutchouc, dans notre façon de penser avec nos clients et nos fournisseurs, dans notre flexibilité et dans notre optimisation logistique. Si le marché belge des pneus usagés est encore plus strictement réglementé, tous ces avantages disparaîtront. Et il en va de même pour toute possibilité d'un climat d'investissement sain. En bref, sans place pour un marché libre, la circularité pour le secteur des pneus usagés restera une perspective lointaine. Et personne ne veut ça, n'est-ce pas ? "

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